Atelier Atlas des graines
 - Photographies - Agnès Prévost
Atlas des graines
Photographies, dim. variables, 2020         
Dans L’Atlas des graines, je m’’intéresse aux formes spécifiques des graines disséminées par le vent telles que les ailes, aigrettes de poil, capsules déhiscentes. J’utilise la photographie pour les placer en rapport direct avec des fragments de cartes de périodes diverses, afin de produire un mélange, à la fois visuel et sensible grâce à la variété de textures, entre formes naturelles et dessins humains géographiques ou climatiques terrestres.

In Atlas of Seeds, I’m interested in the specific shapes of seeds disseminated by the wind : the wings, hair egrets, dehiscent capsules. I use photography to place them in direct relation with fragments of maps from various periods. I thus intend to to produce a mixture, both visual and sensitive by the variety of textures, linking natural forms and human geographical or climatic terrestrial drawings.



(...)
« Si c’était les autres êtres vivants qui avaient éduqué les hommes ? »1

Aile,
Poil,
Crochet,
Bouée,
Digestion des animaux,
autant de formes qui révèlent des fonctions, et surtout une relation sensible au monde. Par sa capacité de sentir, la morphologie des graines véhicule-t-elle une capacité que j’ignore à appréhender des bouts de monde ? La forme naturelle constitue-t-elle une capacité à prendre et comprendre le monde ? Monde sensible : la matière de nos représentations du monde.
Envisager des formes de percevoir du monde que les plantes possèdent par cette seule capacité sensible.

L’atlas, la carte, ont été et sont des outils majeurs de compréhension et de reconnaissance de la Terre. Les cartes météorologiques sont des systèmes de représentation du climat et des phénomènes météorologiques. De l’échelle et de l’expérience sensible terrestres se construit un système symbolique.
J’imaginais réaliser les planches d’un Atlas imaginaire dans lequel on verrait les graines dessiner notre monde par leur être au monde. Ce serait elles qui parcourraient et redessineraient le monde terrestre à leur échelle, leur cadence. L’atlas permettrait d’une part de rendre visible leur action permanente en se jouant des échelles. Et de mélanger entre eux des signes qui, a priori, restent distincts dans leurs desseins. De remettre les signes vivants dans des symboles. Puisque je ne peux disposer de cartes effectuées par les plantes, que peut produire la mise en contact entre les formes des graines et des cartes anciennes ou récentes, géographiques et météorologiques ?

Agnès Prévost
Extrait de Est-ce la plante qui a inventé l’aile ? Texte issu du livret Transmissions végétales, Nicolas Guillemin et Agnès Prévost, Montreuil, presses des beaumonts, 56p., 2021.
> exposition collective Transmissions végétales
1- Jacques Tassin citant André-Georges Haudricourt dans Pour une écologie du sensible, Paris : Odile Jacob, 2019.





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